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Déperlance et imperméabilité : connaissez-vous la différence ?

Posté par : François Jourjon 7 mars 2019 35 commentaires

Quand on part en rando, c’est généralement pour profiter du paysage, de la faune, de la flore… mais pas pour parler de physique et chimie – je vous l’accorde. 😉

Cela dit, c’est quand même sympa de rester au sec si jamais on se prend la pluie et c’est là qu’un peu de physique-chimie peut s’avérer utile ! A vrai dire, ça sert surtout avant, au moment du choix de son matériel de randonnée.

On va aborder des notions un peu techniques, mais le but de cet article est justement de vulgariser tout cela – pour que vous compreniez un peu mieux ce qui est écrit sur les descriptions des vêtements, chaussures ou du matériel de randonnée et compreniez certaines différences de performances et de prix (même si un prix élevé ne garantit pas une certaine qualité, mais c‘est un autre sujet).

Avant d’aller plus loin, il faut bien comprendre qu’un tissu est un enchevêtrement de fils.

Du coup, un tissu est généralement peu imperméable, à cause des trous entre les fils. Donc vous vous doutez bien que pour fabriquer des chaussures ou des vêtements qui résistent à l’eau, il faut bien rajouter quelque chose. 😉 Et c’est là qu’entrent en scène nos deux protagonistes : Imperméabilité et Déperlance.

Imperméabilité du matériel de randonnée

L’imperméabilité est la capacité d’un tissu à empêcher la pénétration de l’eau provenant de l’extérieur.

Sans trop rentrer dans les détails, un tissu peut être rendu imperméable de 2 manières différentes :

1 – A l’aide d’une membrane (imper-respirante), c’est-à-dire un film avec de minuscules trous, qui permet :

  • d’empêcher l’eau extérieure de passer à l’intérieur ; et
  • d’évacuer la transpiration de l’intérieur vers l’extérieur (ce qu’on appelle la respirabilité).

Cette membrane est associée au tissu pour former ce qu’on appelle un laminé (une superposition de couches) et il existe plusieurs procédés (ex : 2 couches, 2,5 couches, 3 couches pour les vestes de pluie).

2 – A l’aide d’une enduction, c’est à dire un produit chimique enduisant le tissu intérieur pour le rendre imperméable et respirant. A noter que les enductions sont généralement moins performantes et durables que les membranes et se trouvent surtout sur des vêtements d’entrée de gamme. 

Il faut bien comprendre que l’imperméabilité ce n’est pas zéro ou un, noir ou blanc. Il existe différents degrés d’imperméabilité et l’imperméabilité d’un vêtement ne se cantonne pas qu’aux performances de son tissu et de sa membrane ou de son enduction, mais aussi à d’autres éléments, notamment l’étanchéification de ses coutures.

La difficulté pour les fabricants est de proposer du matériel à la fois imperméable et respirant sachant que (pour faire très simple) plus on se place du côté de l’imperméabilité, plus on s’éloigne de la respirabilité et inversement. 

Les fabricants adaptent donc cela en fonction de la gamme. Par exemple :

  • Pour une veste de pluie de trail, la respirabilité va être privilégiée et la veste laissera probablement passer l’eau après une ou quelques heures de pluie intense.
  • Pour une veste d’alpinisme, l’imperméabilité va être privilégiée et la veste résistera à plusieurs heures de pluie intense, mais sera moins respirante que la veste de trail.

Note : Si vous voulez en savoir plus sur l’imperméabilité, je vous invite à lire cet article.

Déperlance du matériel de randonnée

La déperlance est la propriété d’un tissu sur lequel l’eau glisse et ne pénètre pas. Elle est réalisée à l’aide d’un traitement chimique appliqué au tissu extérieur et n’est pas liée au tissu lui-même (composition, structure, densité…).

Avec une image, c’est très parlant.

Le but est que l’eau perle, ne pénètre pas le tissu et ne soit pas absorbée par le tissu. Le problème est que la déperlance a ses limites et qu’au bout d’une certain temps l’eau finit par pénétrer. Cela dépend de la qualité du traitement, de ce qu’il a vécu (il est toujours plus efficace au départ) et des conditions (intensité de la pluie, inclinaison, pression, etc.).

Ensuite, il y a deux possibilités :

1 – Si la déperlance est la seule protection contre l’eau que possède le tissu, l’eau passera à travers.

On trouve par exemple des softshells ou des pantalons de randonnée qui sont déperlants sans être imperméables. C’est pratique pour rester au sec pendant une petite averse, mais ils prendront vite l’eau si cela se prolonge. De plus, ces produits ont l’avantage d’être généralement plus respirants et moins chers que des produits imperméables similaires (veste de pluie et surpantalon par exemple). 

On trouve également des sacs de couchage dont le tissu extérieur est déperlant, ce qui est pratique pour éviter que la rosée n’atteigne le garnissage.

2 – Si le tissu est également imperméable, après avoir pénétré le tissu extérieur l’eau sera arrêtée (en tout cas un temps) par la barrière imperméable (membrane ou enduction).

La plupart des vêtements et chaussures imperméables sont d’ailleurs déperlants. Mais pourquoi traiter un tissu qui est déjà imperméable pour le rendre déperlant ? N’est-ce pas redondant ? Voici deux raisons :

  • Le tissu ne se gorge pas d’eau et reste donc plus léger.
  • Le tissu ne se gorge pas d’eau et permet à la membrane ou l’enduction d’évacuer la transpiration correctement. Sans déperlance, la respirabilité serait beaucoup moins bonne.

Vous verrez parfois indiqué sur le matériel de randonnée : traitement DWR (Durable Water Repellent), ce qui signifie traitement déperlant durable.

Même avec un tel nom, une des limitations du traitement déperlant est sa durée de vie. Les frottements, la poussière… bref, l’utilisation fait que le traitement devient de moins en moins déperlant.

Il est possible de réactiver la déperlance soit en lavant son matériel correctement (voir les conseils du fabricant) soit en appliquant un traitement déperlant et souvent en faisant les deux. Il existe notamment les produits Nikwax qui sont une référence en la matière. J’en ai testés et c’est pour cela que j’en parle – pour rappel, il n’y a aucune pub ni placement de produit sur Randonner Malin et je n’ai aucun sponsor.

Certains traitements déperlants peuvent même être réactivés avec un peu de chaleur, le plus simple étant un petit tour au sèche-linge – mais avant de mettre votre veste de pluie à plusieurs centaines d’euros dans le sèche-linge, je vous conseille de regarder ce qui est préconisé par le fabricant.

Pour finir…

J’espère que vous comprenez maintenant bien la différence entre déperlance et imperméabilité et que vous ferez des choix de matériel avisés.

Pour finir sur une petite note écologique, sachez que beaucoup de traitements déperlants et produits pour réactiver la déperlance contiennent des produits nocifs pour l’environnement et notamment des PFC (perfluorocarbures). Certains fabricants ont creusé le sujet et proposent maintenant du matériel sans PFC (PFC free).

Si cet article vous a été utile, n’hésitez pas à le partager, c’est un bon moyen de soutenir Randonner Malin. 😉

Auteur : François Jourjon

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35 commentaires

  • Philippe

    Bravo François, c’est toujours avec plaisir que l’on s’imprègne ….de tes articles traités avec beaucoup de pédagogie….Peut-être d’autres précisions à l’avenir ?, (à moins qu’elles n’aient déjà été évoquées dans d’autres articles qui m’auraient échappé…)
    Les réparations éventuelles (comment ?) accrocs avec des ronces sur vestes coupe-vent (GTX) et plus récemment la pointe d’un bâton de marche nordique qui a percé (et oui…) la membrane Gore Tex d’une de mes chaussures de trail….
    Bien sportivement
    Philippe

    • François Jourjon

      Bonjour Philippe,

      Je n’ai pas encore écrit d’article sur les réparations, mais c’est dans ma liste. 😉

      A bientôt,
      François

  • Philippe

    Merci pour toutes ces infos et pour la pédagogie avec laquelle les sujets sont traités ..
    bien cordialement
    Philippe

  • Mauricette

    super merci François pour tous ces renseignements, très utiles.
    ultreïa
    Mauricette

  • nelly

    merci pour cet éclaircissement.Je n’avais que de vagues notions!!!!!!
    Nelly

  • Dominique

    Merci. Vos articles sont toujours des plus intéressants.
    Tous mes encouragements à continuer avec cette qualité, tant sur le fond que la forme.

  • Sèb

    Un super article, comme toujours, c’est bien écrit, percutant, bravo pour votre travail !
    Ca donne envie d’aller randonner 😉

  • midolu

    Article instructif qui met des images, des représentations et des mots sur des concepts que je connaissais mais pas formulés aussi explicitement.
    Merci François !

  • Dominique

    Merci pour ces informations sur la technique et la sensibilisation aux types de vêtements en fonction de l’usage.

  • Jean-Jacques

    JJ7753
    Encore merci pour cet excellent article qui encore une fois nous informe sur un sujet peu connu.

  • Daniel

    Merci pour tous vos articles et renseignements toujours des plus instructifs et qui donnent confiance avant de se lancer à l’aventure.

  • Maryvonne

    Un grand merci pour tous vos articles qui sont toujours très enrichissants.

  • jlouis

    Bonsoir

    C’est toujours avec un réel plaisir que je lis vos articles. Ils sont très intéressants et surtout très instructifs.
    Je vous invite à continuer
    merci

  • LIONEL

    Bonsoir François et merci à toi !
    Cet article est très intéressant et je te remercie de nous faire partager tes connaissances.
    La nuance de ces termes est très utiles et nous permet de mieux choisir.
    Merci à toi et à ton équipe.

  • lauernt

    Merci François pour ces conseils avisés ils sont une aide précieuse dans le choix de mon matériel, et je suis impatient de lire votre prochain article.

  • Alain

    Bonsoir François et merci a toi

    C’est avec plaisir que cela va m’apporte encore un peu plus de connaissance ,je suis ravie de lire les articles populaires en cliquant a droite car c’est très enrichissant
    dommage que je ne peut pas téléchargé mais je conserve ton message sur randonnée malin.pour y retourné de temps en temps .

    Merci a toi et a ton équipe

    • François Jourjon

      Bonjour Alain,

      J’essaye de rendre un maximum d’articles téléchargeables mais il y a encore du travail. 😉

      A bientôt,
      François

  • Marc

    Bonjour François
    Cela fait longtemps que je randonne par tous les temps, même si je n’apprend pas toujours, j’ai toujours
    plaisir à lire tes articles.
    Continues et merci à toi
    Marc

  • François Jourjon

    Merci beaucoup à tous pour vos commentaires positifs. 😉

  • Jacques

    Bonjour François et randonneurs
    Toujours un grand dilemme avant de partir de quoi se recouvrir? soleil, pluie,froid, être étanche, respirant. Alléger le sac,qui ne s’est pas retrouvé prisonnier du temps qui a tourné au vinaigre ?
    Pour ma part,rando montagne principalement j’ai tendance à être plus respirant, déperlant , la météo sera capricieuse, mais en plus dans tous les cas j’ai une bonne polaire et un grand « ponchoétanche » vaut mieux à mon sens être humide de sueur sous la bâche que d’être ruisselant sur le sentier, j’ai donné.Partir avec un groupe et les enfants en août, rando de 5h au dessus du barrage de Roselend avec refuge en vu pour le soir, grand beau soleil pas un nuage,pas d’alerte météo puis le vent est arrivé avec pluie grêle la vrai tempête en peu de temps nous étions rincé et gelé,les chaussures remplies.Tous retrouvé en slip au refuge agglutiné autour du poêle.Mais que nous avons ri.

    • Emile

      Bravo et MERCI François pour cet article. J’ai 73 ans et randonne beaucoup. Je privilégie imperméabilité que procure la membrane Goretex. Dommage cela reste cher.
      Bonnes balades à toutes et tous.

  • joel

    bonjour François,
    -je me joins aux commentaires en amont pour te remercier de la qualité de tes articles..

    -imperméabilité/déperlance: investissant peu dans le haut de gamme, je privilégie à chaque randonnée une légère pulvérisation sur mes chaussures d’un spray imperméabilisant (sans citer de marque).Cela a ses limites…
    merci encore..

  • Carolina

    Merci pour ce partage de connaissance!

    Très apprécié!! :))

  • Claude

    Très didactique
    Merci

  • Lucien

    Bonjour François.
    Pratiquant la randonnée et la marche nordique je lis très attentivement vos articles qui me guide dans mes achats et mes activités.
    Merci pour tout.
    Cordialement.

  • rene

    merci pour te infos,
    toujours enrichissantes

  • CHRISTIAN

    Une fois de plus tu m’apprend des choses. C’est la raison pour laquelle je renouvelle mon adhésion à ton site.

    C’est avec un réel plaisir que j’écoute tes conseils et essaie autant que possible de les mettre en application surtout après avoir suivi tes deux formations. Je les conseille vivement à tes lecteurs.

    Cordialement

  • Patrick

    Bonjour à toutes et tous,

    il y a aussi autre chose que le GORETEX comme imperméabilité, la membrane MP+ de chez VERTICAL MOUNTAIN. et c’est français….
    cordialement

  • Martine

    Merci François pour toutes ces informations utiles pour ne pas dire indispensables aux randonneurs. Je n’ajoute rien car beaucoup de choses ont été dites précédemment auxquelles j’adhère.
    Martine

  • Antoine

    Imperméable est déperlante, déperlante n’est pas imperméable. En d’autres termes, les textiles déperlants sont un grade en dessous de ceux imperméable quand il s’agit de se protéger de l’humidité. Les gouttes vont « perler » sur le tissu mais si la pluie est trop dense vous allez finir trempé. Les vêtements imperméables quant eux sont censé bien protéger de la pluie.

  • CAËL

    François,
    sans faire de pub pour un fabricant ou un autre, pouvez-vous me recommandez une veste de pluie pour randonner 4/5 h : imperméable et respirante
    Merci

  • Isabelle

    Merci pour cette explication très utile. Je suis traductrice et la différence entre déperlance et imperméabilité n’était pas limpide pour moi. Grâce à votre article, j’ai trouvé la solution pour ma traduction ! Bonne continuation.