Comment utiliser les vues aériennes pour préparer une randonnée ?

Posté par : François Jourjon 6 janvier 2025 18 commentaires

Vous vous dites peut-être que rien ne vaut une bonne carte pour organiser au mieux ses randonnées. Et globalement, je suis d’accord avec vous. Mais dans certaines circonstances, la carte topographique ne sera pas suffisante. Soit parce qu’elle n’existe tout simplement pas (ce qui peut être le cas dans certaines régions du monde), soit parce qu’elle ne reflète pas suffisamment en détail le terrain. Même avec des cartes topo précises, comme celles de l’IGN France au 1/25000, on n’a parfois pas toutes les informations dont on a besoin. En effet, celles-ci ne peuvent pas tout représenter, au risque de devenir illisibles. Alors voyons comment utiliser les photos aériennes pour préparer une randonnée.

Bon à savoir : dans cette vidéo, je présente des outils de manière totalement indépendante, je ne travaille avec aucune marque et je n’ai aucun sponsor.

 

Compléter les informations au sujet du terrain avec des prises de vue aériennes

Les cartes topographiques sont relativement fiables. Mais malgré tous les efforts des cartographes, elles ne peuvent pas refléter à 100 % la réalité de ce que vous allez retrouver pendant votre randonnée. Sur un terrain mixte qui comporte des éboulis et des zones herbeuses par exemple, qu’est-ce qu’il sera représenté sur la carte ? Impossible de le savoir à coup sûr.

Les photos aériennes sont donc un excellent moyen de compléter les informations présentes sur la carte en vous montrant la nature exacte du terrain. Vous pourrez y discerner : 

  • la densité des zones forestières ;
  • les zones de broussailles ;
  • les marécages ;
  • les éboulis et zones pierreuses ;
  • etc.

De la même manière, c’est un excellent moyen d’en apprendre plus sur les cours d’eau, leur largeur ; leur encaissement et la possibilité ou non de les traverser. En effet, sur une carte, deux cours d’eau peuvent être représentés de manière très similaire, avec le même type de trait. Mais dans la réalité, ils peuvent être très différents. L’un peut être facilement accessible et franchissable et l’autre pas du tout.

Utiliser les photos aériennes pour préparer sa randonnée et identifier les sentiers

Cela a déjà dû vous arriver : vous préparez votre rando avec une carte et vous identifiez un sentier qui vous convient et que vous comptez suivre. Mais, pendant votre randonnée, impossible de trouver ce fameux sentier. Pourtant, vous êtes bien au bon endroit et il devrait se trouver juste devant vous. Franchement, c’est frustrant ! 

Vous devez alors choisir entre : 

  • suivre le tracé que vous aviez prévu, au risque de vous retrouver bloqué par la végétation et de devoir faire demi-tour
  • ou emprunter un itinéraire bis qui vous plait moins.

Si vous aviez pu vérifier sur des photos satellites, vous auriez sûrement vu que le sentier qui est cependant bien représenté sur la carte n’existe plus. 

On peut aussi se servir des photos aériennes pour se faire une meilleure idée de certains passages. Pour estimer si un sentier risque de poser problème à une personne qui a peur de la hauteur ou qui a le vertige. Dans l’exemple que je donne dans la vidéo, la prise de vue aérienne permet de « s’approcher du sentier » pour repérer les endroits où l’on est très proche du bord de la falaise.

Les photos aériennes sont aussi très pratiques pour avoir plus d’informations sur des éventuels lieux de bivouac. Il est plus facile d’identifier les endroits peu rocailleux, les clairières, les zones peu pentues…

➡️ À lire aussi : Pourquoi je ne recommande pas le partage de zones de bivouac sur le Net ?

Enfin, les photographies aériennes sont un excellent complément à la carte pour préparer un itinéraire praticable hors sentier. Vous allez pouvoir repérer en amont les endroits où vous progresserez facilement et ceux à contourner. 

En résumé, les clichés aériens sont un bon moyen d’anticiper l’orientation en repérant le terrain au préalable. On peut se faire une bonne idée de ce qui nous attend avec une carte topographique précise (quand on a une bonne maîtrise de la lecture de carte et de la relation carte/terrain), mais les photos aériennes permettent de compléter cette lecture de carte. Et c’est encore plus vrai si jamais vous avez accès à un outil qui vous donne des vues en 3D.

Utiliser les outils proposant des photos aériennes

Une diversité de logiciels…

Nous allons maintenant rentrer dans l’aspect un petit peu plus pratique, en voyant quels outils utiliser et comment. Vous connaissez probablement déjà certaines solutions grand public pour afficher des photos aériennes :

  • la vue satellite de Google Maps,
  • Google Earth,
  • Bing, 
  • etc. 

Dans le domaine des activités de plein air, beaucoup d’outils permettent aussi d’afficher des photos aériennes. On a par exemple des sites, logiciels et applications de création d’itinéraire ou d’affichage d’itinéraire. 

On a des sites de recherche d’itinéraires, comme Alltrails, Visorando, Komoot… On a également les GPS ou les applications GPS, etc. 

Avec ces outils, il suffit de rechercher l’endroit qui vous intéresse et de zoomer dessus. Et si vous voulez uniquement vérifier un détail, ça peut suffire. En revanche, si vous avez pas mal d’éléments à vérifier, ça risque d’être un petit peu fastidieux et vous risquez de vous y perdre pour trouver exactement l’endroit qui vous intéresse sans avoir aucun repère à part la photo aérienne.

…Avec des fonctionnalités qu’il faut connaître

D’autres outils très pratiques permettent d’afficher deux couches l’une par-dessus l’autre et de jouer avec la transparence de celle du dessus. De cette manière, vous pouvez par exemple afficher une carte comme couche du dessous et une photo aérienne comme couche du dessus. Ainsi, vous avez les deux en même temps et la carte vous permet de vous y retrouver plus facilement.

Pour accéder à cette fonction de superposition des couches, je vous recommande vivement le Géoportail de l’IGN pour la France. Il existe des outils similaires pour les autres pays, comme NGI IGN pour la Belgique ou encore Map Geo pour la Suisse.

Une autre chose très pratique est le fait de pouvoir charger la trace de votre itinéraire dans ces logiciels. Ainsi, vous pourrez voir où vous allez passer et les types de terrains que vous allez rencontrer sur votre parcours. 

La plupart des outils acceptent des traces au format GPX (qui est le plus commun) ou encore KML. 

Pour obtenir un tel fichier, vous pouvez soit le récupérer sur un site d’itinéraire, auprès d’une autre personne (qui l’aurait enregistrée sur son GPS par exemple) ou la tracer vous-même. Une fois que vous avez votre trace, vous pouvez l’importer dans un outil qui vous permettra de l’afficher sur une photographie aérienne ; ou même mieux dans un outil qui vous permettra de l’afficher sur deux couches, dont une transparente comme on l’a vu précédemment. 

Avoir la trace de votre itinéraire vous permettra de vous y retrouver plus facilement et de retrouver les passages qui vous intéressent et notamment ce que vous voulez vérifier avec une photo aérienne. 

💡 Note : avoir une trace de son parcours est aussi pratique pour obtenir un profil altimétrique et estimer des dénivelés cumulés et distances totales sans avoir à le faire manuellement. 

Exemple d'utilisation d'une photo aérienne pour préparer une randonnée en complément d'une carte.

Rester vigilant dans la préparation de sa randonnée avec des images satellites

Nous avons vu que les photographies aériennes peuvent être très utiles dans la préparation d’une randonnée, le choix d’un itinéraire, d’une zone de bivouac… Mais il ne faut jamais s’y fier à 100 %

Comme pour les cartes, il faut faire attention à la date de prise des photos, car elles peuvent dater d’un certain nombre d’années. Entretemps, il y a pu y avoir des changements. Par exemple : 

  • de nouvelles constructions, 
  • des sentiers qui ont été créés, 
  • d’autres qui ont disparu, 
  • des forêts qui se sont étoffées, 
  • des parcelles de forêt qui ont été coupées, 
  • etc. 

De même, les photos aériennes ont été prises à un moment donné qui ne reflète pas forcément la saison à laquelle vous allez randonner. Je pense notamment aux arbres caducs qui perdent leurs feuilles et à la neige. 

Il faut savoir qu’il existe plusieurs sources de photos aériennes, qui n’ont pas la même qualité et la même résolution. Ça vaut donc parfois le coup de chercher une autre source si la première que vous avez trouvée est trop ancienne ou pas d’assez bonne qualité. 

Ensuite, faites bien attention à ce que vous voyez ou pensez voir sur les photos aériennes. Contrairement aux cartes, vous ne disposez pas de légende. Les éléments que vous observez sont donc sujets à interprétation, et celle-ci peut être erronée. Par exemple, les reliefs semblent généralement écrasés. Des falaises de plusieurs dizaines de mètres peuvent apparaître toutes petites, et des pentes qui sont raides peuvent paraître douces, etc.

Faites aussi attention à l’échelle. Essayez de comparer ce que vous voyez sur les photos avec une barre d’échelle ou des repères, autrement vous risquez de mal évaluer la taille de certains éléments. 

Et enfin, peut-être le plus important qui rejoint ce que je viens de dire : les photos aériennes ne doivent pas remplacer des cartes topographiques précises, il faut les utiliser en complément. De plus, elles ne doivent surtout pas être une béquille pour les personnes qui ne maîtrisent pas bien la lecture de carte. Si jamais vous êtes dans ce cas, vous gagnerez bien plus à apprendre à lire des cartes topographiques

J’espère que vous avez pu voir ce que peuvent apporter les photos aériennes à la préparation de certaines de vos randonnées. Avant de vous laisser, j’aimerais ajouter qu’il n’y a pas que les cartes et photos aériennes comme source d’information pour préparer une rando. Internet, les guides, les autres randonneurs, etc. peuvent vous donner de précieuses informations. Par exemple, quelqu’un que vous connaissez qui vous dit que tel passage nécessite la pose des mains pour progresser sur 5 mètres sera sûrement de plus grande valeur que ce que vous verrez sur une carte ou une photo aérienne. 😉

Alors, êtes-vous prêt à utiliser les photos aériennes pour préparer votre prochaine randonnée ? Vous pouvez partager votre ressenti dans les commentaires ⬇️

Auteur : François Jourjon

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18 commentaires

  • Julien

    C’est une excellente idée. Je n’y avais jamais pensé mais il est vrai que prendre un peu de hauteur avant de faire ses randonnées, c’est une vraie bonne idée.

  • Jérome LOISON

    Article très intéressant J’utilise déjà en complément ‘google earth’ et un petit logiciel génial GpxTraceNet pour fabriquer mes fichiers GPX que j’importe ensuite sur mon Garmin.
    Je recommande ce petit logiciel car il permet de tout faire : créer une trace, la modifier, . . . et en plus on a les données chiffrées des points. Je n’ai pas trouvé d’équivalent.

  • GRILLO jean louis

    Mes meilleurs vœux pour la nouvelle année.
    Merci pour cette démonstration très instructive.
    Jean-Louis

  • Daniel

    super. Clair et précis

  • valentino

    trés bonne explication
    merci

  • Jean-Louis

    Très bon article, précis et concis très utile pour la préparation de rando et l’usage des applis.
    merci

  • Morel patrick

    vidéo très intéressante
    Merci meilleurs voeux 2025

  • Lacombe

    « Vieux » randonneur (70 ans que je « fais » de la montagne), j’avoue qu’il m’arrive d’utiliser la géolocalisation, mais presque à titre de curiosité : en effet, une boussole et une bonne vieille carte suffisent la plupart du temps. Il faut bien préciser une carte à jour… Mais surtout ne pas jeter les anciennes cartes ! En les comparant avec les cartes récentes, on découvre les sentiers disparus, les nouveaux etc., sans compter que l’IGN fait quelquefois « disparaître » des sentiers existant bien pourtant. Dans quel but ? Je pense pour protéger une zone jugée sensible ou dangereuse. Exemple : je cours souvent la Chartreuse et certains « pas » ou « sangles » un peu trop gazeux ont disparu… Le principe de précaution a encore frappé…

    • Martine

      Bonjour ,
      Merci pour votre commentaire
      J’ai croisé il y a quelques années un baliseur IGN dans la région de Termignon ( Maurienne). Il nous a confirmé l’intérêt de garder les anciennes cartes comme vous l’avez bien dit . La raison de la disparition de certains tracés existant encore vient du manque de personnes pour vérifier sur le terrain de l’existence exhaustive des sentiers.

      • Claude06

        Selon le secteur, la disparition est motivée par le souhait de retirer des cartes les sentiers présentant un quelconque danger même minime pour les randonneurs. La disparition sur la carte s’accompagne d’un débalisage sur le terrain. C’est la politique menée notamment dans le Parc national des Calanques.

  • Annick

    Merci pour ces tutos très utile

  • moustache jacky

    Bonjour et merci pour cette vidéo;
    Effectivement, j’ai un camarade qui trace des parcours gpx vtt et qui procède de la même manière;
    Cartes nouvelles et anciennes et vues aériennes. tous les détails sont mentionnés.

  • LASNIER

    Meilleurs voeux pour 2025 et beaucoup de randos ….
    Trés pratique ce tuto !

  • Jean Marc GIRARDOT

    Merci pour toutes ces explications documentées et exprimées avec clarté et simplicité.
    J’apprécie vraiment tout vos post
    Vous êtes un super pédagogue, passionné.
    J’utilise tout cela, mais je ne suis pas aussi clair pour l’expliquer à mes amis randonneurs
    Bravo
    Tous mes voeux pour 2025 et bonnes randos !
    JM

  • Martine

    Merci François pour cette belle vidéo très claire pour utiliser les photos aériennes et la transparence en cas de superposition des cartes.

  • Claude06

    J’ai eu récemment recours à la photo aérienne sur Géoportail pour compléter la topographie de la carte des Calanques. C’est une aide très précieuse pour confirmer l’existence d’un sentier, sa nature, etc.