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Savez-vous combien de cartouches de gaz prendre quand vous partez randonner ?

Posté par : François Jourjon 24 mars 2012 16 commentaires

Quantité de gaz en randonnéeEstimer la quantité de combustible nécessaire à une longue randonnée n’est pas une chose facile quand on manque d’expérience. Mon frère m’a rappelé cela en me posant la question pour la préparation de son voyage de quelques mois, où il compte faire plusieurs randonnées en autonomie. Plutôt que de lui répondre directement par email, j’ai préféré vous faire profiter de ma réponse en écrivant un article. La majorité des randonneurs utilisent des réchauds à gaz pour leurs randonnées de plusieurs jours, car ils sont très pratiques. J’ai donc décidé de ne parler ici que de la quantité de combustible à emmener pour ce type de réchaud. Comment savoir combien de cartouches de gaz emporter pour une grande randonnée ? Il faut trouver un juste milieu. Voici donc quelques indications pour vous aider.

Pourquoi évaluer le nombre de cartouches de gaz nécessaires ?

C’est très simple.

Pas assez de combustible : vous serez contraint de manger des pâtes trempées dans de l’eau froide et boire du café froid (ça n’a rien d’exceptionnel d’un point de vue gastronomique, croyez-moi) ;-).

Trop de combustible : le poids de votre sac ne sera pas optimisé car vous porterez une ou plusieurs cartouches de gaz dont vous ne vous servirez pas. Si vous êtes du genre prévoyant et à toujours prendre trop au cas où, je vous invite à lire cet article.

Nous allons maintenant voir quelques moyens de faire une première estimation du nombre de cartouches à emporter.

Les tailles de cartouches de gaz

Avant d’aller plus loin, un petit rappel sur les cartouches de gaz pour être sûr que l’on parle bien tous de la même chose. Il existe principalement trois tailles différentes de cartouches de gaz pour la randonnée. Chez certaines marques, vous n’en trouverez que deux.

Généralement, les petites cartouches contiennent environ 100 grammes de gaz, les moyennes environ 230 g et les grandes environ 450 g. Pensez à toujours regarder la quantité de gaz contenue dans les cartouches, c’est cela qui est important.

L’autonomie des cartouches de gaz : les données des fabricants

Les différentes informations sur l’autonomie des cartouches de gaz

Dans un premier temps, vous pouvez vous baser sur les données d’autonomie fournies par certains fabricants pour déterminer la quantité de gaz qu’il vous faut.

L’autonomie est la plupart du temps donnée en nombre de litres d’eau bouillie par quantité de gaz (par exemple : 15 L pour 227 g). Elle est aussi parfois donnée en temps de chauffe pour une certaine quantité de gaz à puissance maximale (par exemple 60 min pour 227 g), mais cette mesure est moins représentative.

Il faut savoir que ces données proviennent de tests qui sont généralement effectués dans des conditions optimales : pas de vent, température de l’eau et température extérieure pas trop froides, etc. Ne vous attendez pas à de telles autonomies une fois en randonnée.

Les informations données par le fabricant du réchaud

Référez-vous aux données du fabricant de votre réchaud, en allant directement sur le site internet du fabricant. Si elles ne sont pas disponibles, vous pouvez utiliser les approximations suivantes qui sont des moyennes des autonomies de réchauds actuels de bonne qualité. On va surtout distinguer deux types de réchauds :

Réchaud à gaz optimiséRéchaud à gaz classiqueLes réchauds à gaz classiques (image de gauche) : l’autonomie donnée par les fabricants est aux alentours de 15 litres d’eau bouillie avec une cartouche de 230 grammes environ, soit une consommation de 15,3 g/L.

Les réchauds à gaz optimisés (image de droite) : l’autonomie donnée par les fabricants est aux alentours de 13 litres d’eau bouillie avec une cartouche de 100 grammes environ, soit une consommation de 7,7 g/L.

Estimer les besoins pour votre randonnée

Il ne vous reste plus qu’à estimer combien de litres d’eau vous allez faire bouillir pendant votre randonnée et de déterminer combien de grammes de gaz il vous faut. Par exemple, pour 20 litres d’eau avec un réchaud à gaz classique, il vous faut 306 g de gaz (15,3 x 20).

Génial, c’est facile alors ! En fait, pas tant que ça…

Le premier problème est qu’il vous faudra parfois faire mijoter votre nourriture et qu’il est difficile d’estimer le gaz que vous utilisez à ce moment-là. Par exemple, une fois que l’eau des pâtes est amenée à ébullition, il faut les faire mijoter pour qu’elles cuisent.

Le second est bien évidemment que ces données sont idéales, vous n’atteindrez ces autonomies que si vous êtes chez vous dans votre cuisine. Mais je doute que vous ne fassiez cela très souvent. C’est pourquoi je vous conseille d’ajouter environ 50 % de plus à la quantité que vous avez calculée, pour avoir une certaine marge. Si l’on reprend l’exemple précédent, vous aurez besoin de 459 g de gaz. Donc, deux cartouches de 230 g seront très bien.

Attention : Les chiffres que je vous donne sont approximatifs. Avec plus d’expérience vous arriverez à estimer vos besoins de façon plus précise.

Une approximation si vous n’avez aucune idée

Pour ceux qui n’aiment pas faire de calculs ou qui veulent avoir une idée de base, voici un tableau avec des approximations basées sur mon expérience et sur celles d’autres randonneurs. Elles s’appuient sur des conditions non-extrêmes de randonnée : températures pas trop froides, réchaud assez performant, à l’abri du vent, popote avec un couvercle, pas de gaspillage de gaz, etc., et pour une utilisation de ce type :

  • matin : café, thé ou lait chaud ;
  • midi : céréales assez rapides (pâtes 3 minutes, semoule, etc.) ;
  • soir : Soupe lyophilisée + céréales assez rapides (pâtes 3 minutes, semoule, etc.).

Estimation de la quantité de gaz nécessaire en randonnée

Attention : à nouveau, ces données sont généralisées et simplifiées, afin de vous donner un ordre de grandeur. Cela dépend vraiment de beaucoup de paramètres et c’est ce que nous allons voir tout de suite.

Les paramètres qui influencent la consommation et quelques conseils pour économiser du gaz

Voici les principaux paramètres qui influencent votre consommation de gaz en randonnée et quelques conseils pour la minimiser – quand c’est possible. Prenez toujours en compte ces paramètres quand vous estimez la quantité de gaz qu’il vous faut.

  • La température extérieure. Plus la température extérieure est basse, plus vous consommerez de gaz. Quand il fait froid, vous pouvez réchauffer votre bouteille de gaz sous vos vêtements ou dans votre sac de couchage par exemple pour moins consommer.
  • La température de l’eau. Cela va souvent de paire avec la température extérieure. Plus l’eau que vous voulez faire chauffer est froide, plus il vous faudra de gaz pour atteindre la température voulue.
  • Le vent. Plus il y a du vent, plus vous utiliserez de gaz. Mettez toujours votre réchaud à l’abri du vent ou utilisez un pare-vent. J’en profite pour vous rappeler que les tissus de nombreuses tentes sont très inflammables, donc cuisiner dans sa tente n’est pas recommandé.
  • Le couvercle. Vous économiserez beaucoup de gaz si vous utilisez un couvercle. En plus, vous pouvez vous en servir pour égoutter des pâtes par exemple.
  • La quantité d’eau. Plus vous faites chauffer ou bouillir une grande quantité d’eau, plus vous utilisez de combustible. Donc essayez de ne pas utiliser trop d’eau quand vous faites cuire des pâtes ou du riz.
  • Le type de nourriture que vous mangez. Cela joue beaucoup sur votre consommation de gaz. Pour économiser du gaz, évitez d’emporter de la nourriture qui nécessite de mijoter longtemps (comme le riz ou les pâtes « classiques »).
  • Le type et le modèle de réchaud. Certains réchauds sont beaucoup plus économes que d’autres, comme les réchauds à gaz optimisés par rapport aux réchauds « classiques ».
  • Le type de gaz et le type de mélange. Certains mélanges de gaz sont plus performants que d’autres.
  • La puissance. Un réchaud est souvent plus économe à une certaine puissance. Cela dépend de beaucoup de paramètres, mais il semblerait qu’un réchaud soit le plus économe à une assez forte puissance, mais pas au maximum.
  • La popote. Les larges popotes demandent plus de gaz pour chauffer la même quantité d’eau par rapport à des popotes hautes et étroites.
  • La quantité de nourriture que vous mangez. Vous ne pouvez pas faire grand-chose à cela, je ne vais pas vous demander de moins manger. 😉

Le mot de la fin et un petit conseil

Il vous reste à trouver votre juste milieu. Est-ce que vous êtes joueur et préférez risquer de boire du café froid plutôt que de porter une cartouche de gaz supplémentaire ? Ou est-ce que vous ne voulez pas prendre de risque, quitte à porter une cartouche inutile ? À vous de choisir, mais n’oubliez pas les quelques gestes qui permettent d’économiser du gaz, ils vous seront toujours utiles.

Le petit conseil : essayez toujours d’estimer le gaz qu’il vous reste pendant la randonnée et d’adapter votre utilisation au fur et à mesure. Il vaut mieux se passer d’un café ou d’un thé un midi et pouvoir manger des pâtes cuites le soir.

Et vous, comment estimez-vous la quantité de gaz que vous emmenez pour vos randonnées ? Partagez cela dans les commentaires.

Auteur : François Jourjon

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16 commentaires

  • patrick

    bonjour et merci beaucoup pour cet article ! super la liste des paramètres et comment calculer le nombre de cartouches de gaz. Justement je réfléchissais à ce problème et avec cet article c’est mainteant pour moi super clair !
    Bravos pour tous ces articles.

  • Comme d’habitude super article ! Bravo!
    De notre côté en partant à 4, nous avons laissé tomber le gaz (trop lourd, volumineux, difficile à trouver des recharges au fin fond de l’Europe ) au profit du bois.
    Depuis l’an dernier nous avons découvert les réchauds à bois et nous sommes conquis : léger, peu de volume, pas de chargement de combustible à porter, c’est simplement l’idéal.
    Sincérement je ne reviendrais pas au gaz après avoir connu la facilité du bois !

    • François

      Bonjour Isabelle,

      C’est sûr que le bois a des avantages, mais il a beaucoup d’inconvénients aussi. Le premier étant de trouver du bois – ce qui n’est pas facile dans certains endroits. Suivant le type de randonnée et les conditions l’un sera plus avantageux que l’autre.

      A bientôt,
      François

      • Martin

        Bonjour,
        je me demandais si les réchaud a bois n’étant pas plus risquer à utiliser dans les endroits sec que le réchaud à gaz ?

        • François

          Bonjour Martin,

          Si le réchaud à bois est fermé, je pense que les risques sont assez limités. Mais je dirais qu’ils doivent être un peu plus élevés qu’avec un réchaud à gaz à cause des projections qui arrivent parfois.

          Après, je pense que cela dépend surtout de l’utilisateur et de l’utilisation qu’il fait de son réchaud plutôt que du type de réchaud.

          A bientôt,
          François

    • MARC

      Bonjour le bémol que je fais concernant le bois est que souvent ce dernier noirçi le bruleur , donc prévoir réceptacle pour un bruleur noirçi qui n’aurait pas pu être nettoyé après utilisation et de plus le bois a tendance à noircir la casserole les flammes incontrolables remontant souvent sur les côtés du récipient …Marc

  • Julien

    Il ne manque pas la pression atmosphérique et donc l’altitude ? Ca me paraît un paramètre assez important.
    A 3000m, l’eau bout a 90°C environ, donc la cuisson de pâtes par exemple sera bien plus longue.
    Une petite cocotte à pression serait idéale je pense, c’est plus lourd, bien sûr, mais permet de faire des économies de gaz, donc d’en emporter moins. Ca consomme moins d’eau et c’est plus rapide en plus.
    Après, il faudrait faire le calcul et ça, c’est pas mon fort…

    • François

      Bonjour Julien,

      L’altitude joue un rôle, mais c’est difficile de savoir dans quel sens. Effectivement l’eau bout à une température plus basse en altitude : l’eau est à ébullition plus rapidement (économie de combustible) mais les pâtes ont besoin de mijoter plus longtemps (perte de combustible).

      A cela s’ajoute le fait qu’en altitude, le gaz sort plus facilement de la cartouche et se vaporise plus facilement mais il semblerait que la raréfaction d’oxygène joue aussi un rôle. Donc au final, pas facile de savoir si on économise du combustible ou pas en altitude. Tout ce que je sais est que les pâtes ne sont pas terribles… 😉

      A bientôt,
      François

  • victo

    Bonjour,

    je vais m’acheter un réchaud et je me suis fait un tableau comparatif mais le problème c’est que j’ai 2 unités différentes ( h/g et L/g).Par quels calculs je peux les remettre à la même unité ?

    • François

      Bonjour,

      Il faudrait que tu connaisses la rapidité du réchaud, c’est-à-dire le temps qu’il faut pour bouillir une certaine quantité d’eau (h/L). Mais cette valeur dépend des réchauds et de beaucoup de paramètres – elle n’est pas fixe. Tu peux parfois la trouver sur les sites des fabricants.

      A bientôt,
      François

  • Patricia

    Bonjour,
    Merci pour toutes ces infos. Mais j’ai un problème, il me reste toujours des fonds de cartouches de gaz.
    Si je pèse ma cartouche avant de partir et qu’elle fait 15g (avec le contenant et le contenu ) est-ce que je considère que je peux faire bouillir 1litre d’eau ( 15g de gaz pour 1l d’eau )?
    Le constructeur écrit sur la bombonne 100g de gaz, mais combien pèse le contenant métallique vide ?
    Merci

    • François Jourjon

      Bonjour Patricia,

      Ça dépend des bonbonnes et ce n’est pas facile de savoir, car le gaz pèse très léger. Donc ça risque de ne pas se jouer à grand chose pour faire juste bouillir un litre d’eau.

      A bientôt,
      François

      • Patricia

        Merci François,
        J’ai essayé de répondre à cette question : j’ai donc acheté une petite cartouche OPTIMUS pleine . Elle pèse environ 200g (sur la balance). Le constructeur écrit dessus :poids 97g (j’approxime à 100g) . Je suppose qu’il ne s’agit que du poids du gaz.
        Par rapport à tes calculs, je vais donc partir avec une cartouche entamée qui pèse 115g (sur la balance) et supposer que je peux faire bouillir 1 litre d’eau ce week-end ( 100g = poids du contenant = bonbonne métallique; + 15 g = poids du gaz.) . Je vous tiens informé du résultat.

  • Redfish

    Autre cas de figure… la neige.

    On part du principe qu’il faut autant d’énergie pour faire fondre a la neige que pour chauffer de l’eau de 0 > 100°.
    Si vous voulez faire fondre la neige puis faire bouillir l’eau obtenue (la neige est rarement « propre »), il faut compter le double de gaz par rapport à d’habitude.
    😉

    • Hugo

      Bonjour Redfish,

      La neige est une eau à très basse température, même si sous une forme différente. François a donc bien exposé ce cas de figure avec le facteur température de l’eau.

  • Ben

    Deux astuces qui ne sont pas mentionnées ici pour optimiser le gaz (mais surement ailleurs sur ce site, j’imagine), et qui marchent très bien pour les pâtes (et d’autres aliments qui doivent mijoter dans l’eau bouillante) :

    1) Faire tremper les pâtes dans de l’eau froide dès l’arrivée au campement, et les faire cuire 1 ou 2 h (ou plus) plus tard. Le fait de faire tremper les ramollit et diminue nettement leur temps de cuisson. Marche aussi avec du riz et des lentilles, par exemple.

    2) Faire bouillir l’eau, mettre les pâtes dedans, couvrir (si possible avec couvercle + petit torchon ou serviette) et couper le gaz. Les pâtes vont continuer à cuire dans l’eau chaude, même si le gaz est coupé. Le torchon ou la serviette (ou un petit gant de toilette) permet de mieux garder la vapeur d’eau.